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La Méditerranée d’Ératosthène
samedi 27 octobre 2012

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Descriptif

Conférence de Serena Bianchetti donnée au cours de la journée d’études organisée par Anca-Cristina Dan et Jean Trinquier avec le soutien de l’EA « Rome et ses renaissances », de l’UMR AOROC et du Labex TransferS.

La Méditerranée occupe la partie centrale de la « carte du monde habité » mise au point par Ératosthène, à Alexandrie, dans les années suivant 245 av. J.-C. Les fragments de la Géographie, qui nous ont été transmis surtout par Strabon, indiquent qu’Ératosthène avait tenté d’identifier, à travers des coordonnées géographiques précises, les zones qui devaient être dessinées avec la même précision sur la « carte ». En fait, la « carte » et le traité géographique devaient parler l’une à l’autre, peut-être pour la première fois dans la tradition antique, et les données de la « carte », provenant parfois d’informations de nature empirique, ne pouvaient en tout cas s’opposer au modèle géométrique, développé auparavant.

Par conséquent, ce sont les coordonnées géométriques qui définissent, en principe, l’espace de la Méditerranée, appelé – d’après le témoignage de Strabon – « notre mer » ou « mer intérieure » et considéré par Ératosthène comme un golf de l’Océan qui enveloppait entièrement la terre habitée.

La limite nord était marquée par le parallèle de Marseille (43°N), qui avait été mesuré avec précision par Pythéas et qui allait, à l’est, jusqu’à la ville d’Amisos. La limite méridionale était marquée par le parallèle de Carthage et d’Alexandrie (31°N). C’était probablement Timosthène de Rhodes, amiral de Ptolémée II, qui avait fourni beaucoup d’informations sur les routes prises pour base de calcul de ces coordonnées. De telles données avaient peut-être convaincu l’Alexandrin que la Péninsule italienne était beaucoup plus proche du Détroit de Gibraltar que ne l’aurait dit Polybe, lequel s’appuyait sur les données de l’expédition d’Hannibal.

Enfin, la limite occidentale était marquée par le méridien des Colonnes d’Hercule, et la limite orientale par le méridien passant par la ville d’Issos et se poursuivant jusqu’à Amisos. La référence à Issos mérite qu’on s’y arrête un instant en considérant le témoignage de Strabon (2,1,2). Il critiqua l’Alexandrin de ne pas avoir tenu compte du Pont-Euxin, qui, étant relié à la Méditerranée, devait être compris dans cette mer : le point le plus oriental de « notre mer »  ne serait donc plus Issos, mais plutôt Dioscurias.

Le texte nous permet donc de saisir l’approche de la Géographie d’Ératosthène par Strabon et de mieux comprendre la méthode purement scientifique de l’Alexandrin, par opposition à la lecture politique de l’espace poursuivie par le géographe d’Amasée.

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Auteur(s)
Serena Bianchetti
Université de Florence
Professeur

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Cursus :

Collaboratrice du programme MeDIan depuis le lancement de celui-ci en décembre 2009, Serena Bianchetti enseigne à l’université de Florence l’histoire grecque et l’histoire de la géographie antique au sein du Dipartimento di Studi storici e geografici. Elle consacre plus spécialement ses travaux à l’étude de l’historiographie grecque et des sciences de l’espace à date classique et hellénistique. Dans ce domaine, elle jouit d’une réputation internationale, qui lui vaut d’être associée à plusieurs projets d’excellence au niveau européen.

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Dernière mise à jour : 18/01/2013