Conférence donnée par Jean-Pierre Dupuy, dans le cadre du colloque "Vivre et penser avec Ivan Illich. Dix ans après", organisé par le Club de la Montagne Sainte-Geneviève (Martin Fortier, Nicolas Nely et Thierry Paquot).
Ce qui est en question dans le moment actuel, ce n’est pas le capitalisme financier ; ce n’est pas le capitalisme tout court ; ce n’est pas le marché, régulé ou non, spéculatif à la hausse ou bien à la baisse : c’est la place que joue l’économie, dans nos vies individuelles comme dans le fonctionnement de nos sociétés. Cette place est immense et nous trouvons cela banal. L’économie tend à envahir le monde et nos pensées. Ce n’est donc pas elle qui nous donnera le sens de ce phénomène massif et extraordinaire, puisqu’elle est à la fois juge et partie. Seul un regard éloigné, qui aurait réussi à se déprendre de l’économie, peut s’étonner de ce qui semble aller de soi au citoyen moderne, devenu intégralement, à son insu, homo oeconomicus. Comme le sacré avant elle, l’économie est en train de perdre aujourd’hui sa capacité de produire elle même des règles qui la limitent, disons de l’auto-transcendance. Tel est le sens profond de la crise. La mythologie grecque a donné un nom à ce qu’il advient d’une structure hiérarchique (au sens étymologique d’ordre sacré) lorsqu’elle s’effondre sur elle-même : c’est la panique. Je me proposerai ici d’éclairer l’ombre sacrée de la crise économique actuelle à l’aune des enseignements d’Ivan Illich et de René Girard, véritables maîtres dans l’exploration des racines chrétiennes de la modernité.
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Cursus :
Jean-Pierre Dupuy est ingénieur, philosophe et épistémologue. Professeur émérite à l'Ecole Polytechnique, il enseigne également à l'université Stanford. Il est membre de l'Académie des technologies et de l'Académie catholique de France.
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