Conférence de Denis Seron dans le cadre du Séminaire « Emotions et volitions » coordonné par Natalie Depraz et Maria Gyemant.
Brentano rattachait les sentiments à une troisième classe fondamentale d'actes intentionnels, à côté des présentations et des jugements. Cette conception est indissociable de certains présupposés.
Entre autres choses, elle suppose (1) que les actes affectifs sont intentionnels, (2) qu'ils sont différents des présentations, c'est-à-dire non intrinsèquement intentionnels, et (3) qu'ils sont différents des jugements. L'acte affectif se définit comme un acte mental extrinsèquement intentionnel qui n'a pas la structure bipolaire de l'acceptation et du rejet caractéristique du jugement. Or, les trois présupposés sont discutables et présentent des zones d'ombre. Le premier a été contesté par des auteurs comme Titchener et déjà William Hamilton, le troisième par Windelband et ses continuateurs de l'école néokantienne de Bade. Dans cet exposé, je proposerai une évaluation d'ensemble des arguments de Brentano et des brentaniens en faveur d'une classe séparée d'actes intentionnels, à la lumière de positions concurrentes. Cette évaluation permettra de poser sur de nouvelles bases les questions suivantes: le modèle intentionaliste s'applique-t-il aux sentiments? Si oui, faut-il ranger les sentiments avec les jugements ou les croyances?
Voir aussi
Cursus :
Denis Seron est Maître de conférences au département de philosophie à l'Université de Liège.
Cliquer ICI pour fermerDernière mise à jour : 03/04/2015