Conférence du philosophe et sinologue François Jullien, organisée par l’ECLA (Espace des cultures et langues d’ailleurs)
L’interrogation touchant à l’Être s’est constituée chez les Grecs en question majeure de la philosophie, entraînant avec elle celle de la possibilité de la connaissance et, par suite, du statut de la vérité. Il en est résulté une construction méta-physique reportant la pensée du vivre dans l’ « au-delà », sous le titre de la « vraie vie » ; et c’est seulement dans les marges, les trous ou les repentirs d’une telle édification, ou sinon dans les replis de la foi religieuse, que, en Europe, cette pensée du « vivre » est abordée.
Car des concepts pour penser ce qu’on appelle ainsi le « vivre » (Montaigne) sont, de droit, hétérogènes à ceux qui servent à concevoir l’Être et la vérité.
Aussi faire un détour par la pensée chinoise sera instructif à cet égard car, étant passée à côté de la question de l’ «Être», celle-ci s’est instaurée de plein pied dans la pensée du vivre. Mais, n’ayant pas érigé de distance spéculative vis-à-vis d’elle, pouvait-elle la conceptualiser ? Il s’agira donc, en circulant entre ces deux traditions de pensée, de réfléchir comment pourrait se défaire l’opposition, peut-être indûment figée, entre vivre et penser ; et comment aussi ne pas laisser la pensée du «vivre» dans l’infra- ou le pré-philosophique ou, pis encore, l’abandonner à la sous-philosophie (aujourd’hui le grand marché du «développement personnel») – et cela pour penser comment au vivre, sans en-deçà ni d’au-delà possibles, on peut effectivement accéder.
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Cursus :
François Jullien est un philosophe et sinologue français. Ancien élève de l’École normale supérieure, François Jullien est agrégé puis étudiant des universités de Pékin et Shanghai (1975–77). Il est responsable de l’Antenne française de sinologie à Hongkong (1978–81), pensionnaire de la Maison franco-japonaise de Tokyo (1985–87). Docteur ès lettres en Études extrême-orientales (1983), il devient président de l’Association française des Études chinoises (1988–90) puis du Collège international de philosophie (1995–98). Il est actuellement professeur à l’université Paris VII (Denis-Diderot) et a été nommé Membre senior de l’Institut universitaire de France (promotion 2001). Directeur du Centre Marcel-Granet, il est également directeur de l’Institut de la Pensée contemporaine.
Dernière mise à jour : 23/04/2015