Conférence de Anne Begenat-Neuschäfer, invitée par le labex TransferS et l’ITEM, dans le cadre d'une recherche et un séminaire de deux mois (mars et avril 2015) sur la génétique des écritures littéraires francophones du Nord et du Sud.
Depuis la création de l’État belge en 1830, les littératures et les arts de Belgique n’ont pas cessé de proclamer leur différence, voire leur indépendance et leur spécificité face aux normes et aux modèles de la France. Les années 1970 ont constitué un tournant quand le concept (ou le non-concept selon Jacques Sojcher) de belgitude fut lancé par Pierre Mertens et Claude Javeau. Les intellectuels belges revendiquaient alors violemment une voix spécifique, tout en gardant des liens privilégiés avec Paris. Écho lointain de la négritude et désir de reconnaissance, la belgitude s’appuie historiquement sur les liens territoriaux du Cercle des 17 provinces, réuni par l’empereur Charles V : un ensemble régional qui a appartenu d’abord aux habsbourgeois espagnols puis à leurs cousins autrichiens avant d’être rattaché par Napoléon à la France postrévolutionnaire.
Dans les textes littéraires, les traces de ce territoire de passage ont donné naissance à l’idée d’un pays de l’au-delà ou d’un pays-entre-deux, entre le monde du Nord et le monde du Sud : un pays qui aurait pour vocation de s’ouvrir à des espaces mentaux différents et de les traduire réciproquement. L’étude des textes nous montrera si la Belgique d’aujourd’hui se reconnaît encore dans cet imaginaire d’autrefois et comment, le cas échéant, elle y fait référence.
Cursus :
Anne Begenat-Neuschäfer est Professeur des Universités et Directrice de l’Institut de Philologie Romane de Aachen.
Cliquer ICI pour fermerDernière mise à jour : 07/07/2015