"L’Ecole normale, supérieure depuis 1845, a toujours résidé dans le 5e arrondissement, sauf quand elle était rayée de la carte, ce qui lui est déjà arrivé deux fois. En effet devant une institution originale, ambitieuse puisqu’elle prétend servir de "norme", et supposée dangereuse pour les idées qui y fermentent, le pouvoir et le pays se demandent si elle sert vraiment à quelque chose. Ma réponse sera, sans surprise : oui. Mais on essaiera de montrer que sa vocation a beaucoup évolué en deux siècles. A l’utopie pédagogique de la Révolution a succédé la fabrique napoléonienne de professeurs de lycée : du couvent aux règlements les plus stricts sont sortis les esprits libres qui ont irrigué l’Université, la recherche, la vie littéraire et politique, etc. : la "République des professeurs" n’est pas concevable sans "Normale sup".
Le siècle écoulé a été marqué par deux transformations, l’une propre à l’Ecole, le rattachement à la Sorbonne en 1903 (dont on craignait, à tort, de funestes conséquences), et l’autre de société : la démocratisation de l’enseignement, et la multiplication des élèves, et des professeurs, qui en est résultée. Les Normaliens ne représentent plus qu’une petite minorité dans le système éducatif français, et à l’échelle européenne, l’Ecole, malgré ses laboratoires, malgré les prix Nobel ou les premiers ministres qu’elle a fournis au pays, est bien mal connue. D’où la nécessité de réfléchir au "modèle normalien", aux moyens de le faire apprécier et d’abord de le faire évoluer."
Institutions : Ecole normale supérieure-PSL
Cursus :
Ancien directeur de la bibliothèque générale. Sous-directeur honoraire et enseignant au Département des sciences de l’Antiquité à l’ENS.
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