Une conférence de Guillaume Mazeau (CRH19, Université Paris 1)
Comme d’autres crises politiques, la Révolution française est un bon point d’observation pour comprendre le statut des rumeurs, ainsi que leur rôle dans le fonctionnement des relations sociales ou du débat public. Se présentant comme les « fils des Lumières », les patriotes de la fin du XVIIIe siècle sont, a priori, les ennemis par excellence des rumeurs, dénoncées comme les filles des superstitions, les armes du despotisme ou des accélérateurs d’émotions et de violences populaires. Appuyés sur la raison sensible et l’éducation, les révolutionnaires entendent ainsi régénérer l’« esprit public ». Pourtant, ils se trouvent eux-mêmes pris dans des contradictions : au moins depuis l’été 1788, la révolution à laquelle ils participent a considérablement aggravé la situation de l’Ancien Régime.
Rarement le statut du « fait », de la vérité et de la qualité de l’information aura été autant contesté, alors que cette stabilisation s’avère cruciale, non seulement pour la survie du nouveau régime, mais aussi pour l’exercice d’un débat public reposant sur des bases communes. Les rumeurs deviennent donc un des problèmes politiques les plus récurrents du processus révolutionnaire et engagent, dans tous les domaines, politiques, sociaux, artistiques ou journalistiques, un combat de représentations pour définir la crise en cours.
Dans le cadre du colloque international "Infox, post-vérité, rumeurs : quels problèmes, quelles réponses ?"
Ce dernier a été réalisé dans le cadre du projet exploratoire Propublics soutenu par l’IDEX PSL (ANR-10-IDEX-0001-02) dirigé par Mathias Girel (UMS3610/USR3608, ENS), Daniel Cefaï (CEMS, EHESS), Emmanuel Henry (Université Paris-Dauphine, CNRS, UMR IRISSO), Nathalie Jas (INRA, RiTME).
Consultez ici le livret et le programme complets du colloque.
En collaboration
- avec l’Institut Pratique du Journalisme Dauphine | PSL
- avec l’USR République des Savoirs, Equipes Centre Cavaillès et Mathesis (Florent Guénard), CNRS-Collège de France-ENS-PSL »
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Cursus :
Guillaume Mazeau est maître de conférences à l’Université de Paris I-Panthéon Sorbonne en histoire moderne (Centre d’histoire du XIXe siècle) et associé à l’Institut d’histoire du Temps présent. Il s’intéresse à l’histoire de la Révolution française, mais aussi à l’évolution de sa conscience historique à travers toutes ses formes non académiques, dont il tente d’explorer les possibilités pour recharger une histoire abîmée.
Sa démarche consiste à lier ensemble recherche, enseignement et transmission en s’impliquant dans des expériences au musée (salles révolutionnaires du musée Carnavalet-Histoire de Paris, 2015, parcours de visite de la Conciergerie, 2016, maison Robespierre à Arras à venir), au théâtre (Ca Ira (1) Fin de Louis de Joël Pommerat, 2015, Marie-Antoinette(s) de Pauline Susini, 2015) ou au cinéma (Un peuple et son roi, Pierre Schoeller, 2019). Ces expériences de réécriture donneront lieu à un essai, qui paraîtra bientôt chez Fayard.
Cliquer ICI pour fermerDernière mise à jour : 16/07/2019