Séance du cycle "Pandémies: faits et politiques" dans le cadre du séminaire Médecine Humanités 2020-2021, avec l’épidémiologiste biomathématicienne et directrice de recherche à l’Inserm, Dominique Costagliola.
"L'interprétation des données pendant une épidémie est complexe car elle fait appel à des outils nouveaux, une modification des définitions et des méthodes et des ajouts de nouveaux indicateurs... De plus l'épidémie n'est pas finie et certaines données ne seront disponibles qu'à distance."
Forte d'une expertise en épidémiologie et biostatistique, Dominique Costagliola est impliquée dans le suivi du Covid depuis le début de la pandémie, principalement au sein du comité scientifique de REACTing, le consortium de l’Inserm qui coordonne la recherche française pendant les épidémies. Elle s’intéresse tout particulièrement à la composante méthodologique et à la modélisation de l'épidémie du COVID-19. En s'appuyant sur des données (différentes sources de données concernant la surveillance de l’épidémie à différentes échelles) et des faits, l'épidémiologiste dénonce la tendance actuelle à la simplification des chiffres. En insistant sur la nécessaire rigueur scientifique dans la modélisation de l'épidémie et dans la prise de mesures sanitaires, elle souligne la nécessité absolue d'une entente mondiale.
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Dominique Costagliola est une épidémiologiste et biostatisticienne française. Elle est directrice de recherches à l'Institut Pierre Louis d'Épidémiologie et de Santé Publique où elle travaille sur l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Elle est membre de l'académie des sciences depuis 2017. En décembre 2020, elle reçoit le Grand Prix de l'INSERM pour son travail sur le front de la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Dominique Costagliola travaille sur l'infection à VIH/sida depuis 1986 et ses contributions associent une forte composante méthodologique (biostatistique et biomathématiques) à une forte composante appliquée en clinique et en santé publique. Elle a montré que lorsqu'une mère est infectée par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), le risque de transmission à l'enfant est surtout élevé en fin de grossesse, ouvrant la voie à la prévention de la transmission, même dans les pays ou la prise en charge de ces femmes est tardive.
Elle a développé une méthode pour définir les algorithmes de résistance aux antirétroviraux et pour optimiser le choix des traitements chez les patients en échecs qui ont des virus résistants.
Elle a étudié l'effet des antirétroviraux et la morbidité sévère de pathologies autres que le sida, notamment les cancers et l'infarctus du myocarde, ce qui a conduit à recommander de traiter les personnes infectées de façon précoce par le VIH, et ce sans attendre que l'immunodépression (baisse des globules blancs) se développe.
Enfin, elle a largement contribué à la connaissance de l'épidémie en France (nombre de nouvelles infections par an, nombre de personnes vivant avec le VIH, nombre de personnes ignorant leur statut, proportion des personnes infectées, diagnostiquées, prises en charge, traitées, et dont la charge virale est contrôlée), en vue de guider les stratégies de lutte contre le VIH/sida.
Les domaines de compétence de Dominique Costagliola vont de la biostatistique à l’épidémiologie, en particulier la pharmaco-épidémiologie, sans oublier les essais thérapeutiques et la modélisation. En termes d’applications, ceux-ci couvrent l’infection à VIH, l’hémophilie, le médicament et la transfusion.
Dernière mise à jour : 27/01/2022