Accueil/ expose
La Condition ouvrière / Ouverture du « Tableau théorique d’une société libre »
mercredi 17 janvier 2024

Loading the player ...
Descriptif

Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale (Édition Quarto, p. 314-316)
Ouverture du « Tableau théorique d'une société libre »

Par Mickaël Labbé, Maître de Conférence à l’Université de Strasbourg

Extrait étudié
Et pourtant rien au monde ne peut empêcher l’homme de se sentir né pour la liberté. Jamais, quoi qu’il advienne, il ne peut accepter la servitude ; car il pense. Il n’a jamais cessé de rêver une liberté sans limites, soit comme un bonheur passé dont un châtiment l’aurait privé, soit comme un bonheur à venir qui lui serait dû par une sorte de pacte avec une providence mystérieuse. Le communisme imaginé par Marx est la forme la plus récente de ce rêve. Ce rêve est toujours demeuré vain, comme tous les rêves, ou, s’il a pu consoler, ce n’est que comme un opium ; il est temps de renoncer à rêver la liberté, et de se décider à la concevoir.
C’est la liberté parfaite qu’il faut s’efforcer de se représenter clairement, non pas dans l’espoir d’y atteindre, mais dans l’espoir d’atteindre une liberté moins imparfaite que n’est notre condition actuelle ; car le meilleur n’est concevable que par le parfait. On ne peut se diriger que vers un idéal. L’idéal est tout aussi irréalisable que le rêve, mais, à la différence du rêve, il a rapport à la réalité ; il permet, à titre de limite, de ranger des situations ou réelles ou réalisables dans l’ordre de la moindre à la plus haute valeur.
La liberté parfaite ne peut être conçue comme consistant simplement dans la disparition de cette nécessité dont nous subissons perpétuellement la pression ; tant que l’homme vivra, c’est-à-dire tant qu’il constituera un infime fragment de cet univers impitoyable, la pression de la nécessité ne se relâchera jamais un seul instant. Un état de choses où l’homme aurait autant de jouissances et aussi peu de fatigues qu’il lui plairait ne peut trouver place, sinon par fiction, dans le monde où nous vivons.

Pour prolonger l’intervention : références principales à la notion d’« idéal » dans La Condition ouvrière : p. 204,
210-211, 213, 230, 231, 307, 308, 357, 390, 421, 431, 434, 448-450.

Lors de la journée d’étude sur le recueil La Condition ouvrière de Simone Weil qui s’inscrit dans le cadre de la préparation à l’agrégation de philosophie proposée par le Département de Philosophie de l'ENS-PSL. Chaque intervention prend la forme d’une explication de texte d’un extrait de l’oeuvre de Simone Weil.


 

 

Voir aussi


  • Aucun exposé du même auteur.
  • La Condition ouvrière / Réflexions sur l...
    Julien Lagalle
  • La Condition ouvrière / Le mystère de l’...
    Anthony Dekhil
  • La Condition ouvrière / Mercredi [10 avr...
    Nathalie Calmès Cardoso
  • La Condition ouvrière / Le temps et le r...
    Frédéric Worms
  • La Condition ouvrière / Une seule chose ...
    Robert Chenavier
  • La Condition ouvrière / Exister n’est pa...
    Emmanuel Gabellieri
Auteur(s)
Mickaël Labbé
Université de Strasbourg
Maître de conférences en esthétique et philosophie de l’art

Plus sur cet auteur
Voir la fiche de l'auteur

Cursus :

Mickaël Labbé est Maître de conférences en esthétique et philosophie de l’art à l'Université de Strasbourg.

Cliquer ICI pour fermer
Annexes
Téléchargements :
   - Télécharger l'audio (mp3)

Dernière mise à jour : 26/02/2024