Conférence donnée par Ran Halévi dans le cadre du séminaire "Guerre et politique" organisé par Gilles Pécout, Jean-François Chanet et Olivier Wieviorka.
Israël n’a jamais connu d’autre régime que la démocratie et d’autre état que la guerre. Dès avant la création de l’État en 1948, la société israélienne était déjà une démocratie armée et une démocratie en guerre. C’est là le trait par excellence du sionisme politique que l’éclosion très précoce d’une identité nationale, de procédures démocratiques et d’une force militaire, qui se trouvent largement constituées au moment où Israël accède à l’indépendance.
Cette singularité native fait écho à l’une des affirmations inaugurales de La Démocratie en Amérique : que les nations, comme les individus, se ressentent toujours de leurs origines, que le caractère national d’un peuple peut s’apercevoir dans son berceau. L’observation me paraît en effet appropriée à la nation israélienne. Et, en l’occurrence, ce sont la démocratie et la guerre – précisément, la démocratie dans son rapport à la guerre – qui n’ont cessé de façonner depuis l’origine le caractère national israélien. Il me faut préciser que j’entends ici « démocratie » au double sens du terme, aussi bien un type de régime politique qu’un type de régime humain qui recompose indéfiniment le portrait de l’homme démocratique. C’est donc cette relation très particulière de la démocratie à la guerre et à ses avatars que je me propose d’analyser.
Voir aussi
|
Cursus :
Ran Halévi est un historien français, directeur de recherche au CNRS, rattaché au Centre de recherches politiques Raymond Aron (CRPRA) et directeur de collections aux Éditions Gallimard.
Ses recherches portent sur l'histoire politique de la France (de l'Ancien Régime à la Révolution française) de même que sur l'histoire politique d'Israël. Il fut l'élève de François Furet auquel il a consacré un essai biographique en 2007.
Dernière mise à jour : 03/10/2014