« Mon enfance, laquelle n'est plus, est dans le temps passé qui n'est plus aussi. Mais lorsque je m'en souviens, et que j'en raconte quelque chose, c'est sans doute dans le temps présent que je considère son image, parce qu'elle est encore dans ma mémoire. » (Saint Augustin, Confessions, XI, 18, trad. Arnaud d'Andilly) Par cette remarque limpide, Augustin rend compte de deux caractéristiques évidentes de la mémoire, en tant que faculté humaine. Premièrement, la mémoire n'est pas le passé, mais elle est, pour nous, le présent du passé. Deuxièmement, il faut distinguer d'un côté, la chose ou l'événement qui constitue le référent du souvenir, ce à quoi ce souvenir renvoie, et de l'autre, l'image ou le signe qui est dans la mémoire. Ces deux différences, entre le passé (objectif) et le présent (subjectif) du passé dans le souvenir, et entre la chose ou l'événement (référent) et sa présentation (signe) dans la mémoire, ouvrent un espace dans lequel la mémoire peut devenir plus qu'une faculté passive, plus qu'un simple pouvoir de présenter le passé, et où elle peut, au contraire, s'exercer et par là viser la vérité. C'est cette dimension particulière de la mémoire, ou plutôt de la bonne mémoire, qu'il s'agira d'explorer à partir de deux analyses auxquelles elle a donné lieu chez deux philosophes que presque tout oppose : Platon et Épicure.
Conférence donnée par Dimitri El Murr dans le cadre des "Journées Découvrir l'Antiquité" 2023 dont l'objectif était de donner un aperçu de ce qu'ont pu être les relations entre la Grèce et l'Orient de l'époque archaïque à l'aube de l'époque hellénistique.
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Cursus :
Dimitri El Murr est professeur de philosophie à l'École normale supérieure de Paris et membre du centre Jean Pépin (UMR 82302), centre du CNRS dédié en partie à l'Antiquité tardive et au néo-platonisme. Spécialiste de philosophie antique, ses recherches portent principalement sur Platon. Il fut membre junior de l'Institut universitaire de France entre 2010 et 2015.
En 2017, il a été élu professeur de philosophie antique à l'École normale supérieure. Depuis le 1er janvier 2019, il est directeur du département de philosophie de l’ENS.
Ses recherches portent sur l'antiquité et notamment Platon, Socrate, le platonisme et le néoplatonisme. Ses thèmes de prédilections sont l'amitié et la philosophie politique.
Dernière mise à jour : 09/06/2023