Conférence donnée par Denis Kambouchner dans le cadre du colloque international "Scepticisme et pensée morale", organisé par Jean-Charles Darmon, Philippe Desan et Gianni Paganini, en collaboration avec Frédéric Worms et le CIEPFC de l’ENS.
Le scepticisme a eu une importance déterminante dans l’évolution de la pensée morale, importance dont l’évidence est manifeste dans les sources grecques et latines, mais que les études consacrées à l’âge moderne ont souvent eu tendance à faire passer à l’arrière-plan, en considérant que le souci épistémologique est devenu primordial, surtout après Descartes. L’ambition de cette enquête collective sera, en premier lieu, de remettre à sa place, centrale, la finalité éthique du scepticisme au seuil, puis au cœur même de l’Age classique. On voudrait notamment analyser comment le dialogue entre réflexion philosophique et expériences littéraires a favorisé le développement d’une pensée morale sceptique que des préoccupations liées aux sciences et à la métaphysique ont souvent contribué à masquer ou à marginaliser. Une autre spécificité de cette enquête sera d’étudier, entre sciences, philosophie, littérature et arts, les prolongements de cette problématique jusqu’au moment présent, en étudiant certaines formes de résurgence (et de transformations) du scepticisme sur la scène de la pensée morale contemporaine et des débats qui la traversent.
Dans cette conférence, la question que je traiterai est celle du régime cartésien du jugement moral relatif à soi-même ou à autrui. J'élargirai cette question à celle de savoir si la morale cartésienne telle que la délivre aussi bien les derniers textes de Descartes tels que le Discours de la méthode est ou n'est pas compatible avec une forme modérée de scepticisme. Je soutiendrai qu'elle l'est en dépit d'apparences concrètes.
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Cursus :
Ancien normalien, Denis Kambouchner est un philosophe et historien de la philosophie français.
Après une brillante scolarité parisienne (reçu 1er à l'École normale supérieure en 1974, puis à l'agrégation de philosophie en 1976), il a enseigné dans les universités de Besançon, Clermont-Ferrand et Paris X Nanterre, ainsi qu'à l'École normale supérieure (rue d'Ulm). Il est actuellement professeur à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il est, de 2008 à 2011, président du jury des concours externe et interne de l'agrégation de philosophie.
Dernière mise à jour : 19/07/2013