Conférence donnée par Frédéric Keck dans le cadre de la Chaire Géopolitique du Risque organisée par le département de Géographie de l'ENS, sur la notion de "sentinelle de l'enronnement".
Si Hong Kong s’est mobilisé contre la grippe aviaire en 1997, c’est parce que la menace d’un nouveau virus H5N1 passant des oiseaux aux humains s’accompagnait de celle qui était liée à la rétrocession à la Chine, soupçonnée de ne pas garantir la sécurité sanitaire de ses citoyens.
Une telle catastrophe a donné lieu à la mise en place d’un dispositif de sur veillance durable, qui s’est élargi avec le temps du local au global. Pour caractériser ce dispositif, je recourrai au terme « sentinelle sanitaire», souvent employé par les acteurs de la surveillance.
La notion de sentinelle ne désigne pas seulement des « lanceurs d’alerte » capables de faire remonter des signes de danger pour élaborer une vigilance généralisée mais désigne aussi un collectif aux frontières du vivant, dépistant dans une espèce animale un agent infectieux ou toxique transmissible à une autre espèce. Je définirai ainsi une sentinelle sanitaire comme un collectif associant une menace locale à une frontière naturelle de manière à l’articuler à d’autres frontières politiques dans un dispositif de sécurité global.
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Cursus :
Frédéric Keck a étudié la philosophie à l’Ecole normale supérieure et à l’Université Lille III, et l’anthropologie à l’Université de Californie Berkeley. Il a publié un ensemble de travaux sur l’histoire de l’anthropologie française dans ses relations avec la philosophie (Comte, Lévy-Bruhl, Durkheim, Bergson, Lévi-Strauss). Depuis son entrée au CNRS, il a effectué des enquêtes ethnographiques sur les crises sanitaires liées aux maladies animales : ESB, SRAS, grippes « aviaire » et « porcine ».
Ses travaux portent plus généralement sur les normes de « biosécurité » appliquées aux humains et aux animaux, et sur les formes de prévision qu’elles produisent à l’égard des catastrophes sanitaires et écologiques. Ils se situent au croisement de l’histoire des sciences, de la sociologie des risques et de l’anthropologie de la nature.
Il a dirigé le département de la recherche et de l'enseignement du musée du quai Branly entre 2014 et 2018 et le Laboratoire d'anthropologie sociale entre 2019 et 2020.
Dernière mise à jour : 06/02/2018