Exposé de Patrick Cabanel lors de l'inauguration du Centre européen d’études républicaines (CÈDRE).
Si la monarchie française est catholique (et vice-versa?), la République se sépare (1795, 1905) de l'Eglise (et, du coup, des autres cultes reconnus). Elle invente une fome idéologique, juridique, administrative: la laïcité; et ignore la religion civile, qui n'est peut-être pas pensable qu'en contexte protestant (Rousseau, R.N.Bellah). Cette construction a représenté une chance historique pour deux minorités religieuses, la protestante et la juive (2% au total des Français au début du XXe siècle), qui de surcroît se pensaient ou étaient pensés comme originellement "républicaines" (la nomocratie juive chez un Salvador et un Darmesteter; l'affinité entre protestantisme calvinien et république chez Tocqueville et Quinet). A ce jeu, la République a pu courir le risque de passer pour un régime à épithète confessionnelle à trait d'union (judéo-protestante), au moment même où minorités et universalisme se confondaient. La belle rencontre affinitaire, à partir des années 1880, a bien offert au pays et à ses minorités les avantages partagés d'une réparation et d'une mutuelle reconnaissance, sans négliger une forme de "loi du retour" (au sens propre pour les protestants depuis décembre 1790, à celui du "Heureux comme Dieu en France" pour les juifs). Ce modèle" peut-il fonctionner avec d'autres minorités religieuses ? Le cadre laïque est toujours là, et rien n'interdit, à défaut peut-être du fantasme d'affinité, la reconnaissance évoquée plus haut.
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Cursus :
Agrégé d'histoire, ancien élève de l'École normale supérieure, Patrick Cabanel est professeur d'histoire contemporaine à l'Université Toulouse II-Le Mirail et membre du laboratoire CNRS Framespa. Il est notamment spécialiste du protestantisme français.
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